Le Scaphandre Le Prieur
Le Scaphandre LE PRIEUR.
Yves LE PRIEUR est né à Lorient en
1885. Il fera l’école Navale et deviendra Officier de Marine comme son père.
Génial inventeur, il ne sera pas
toujours apprécié, bien que ses diverses créations se soient montrées par la
suite d’une grande utilité et largement reconnues.
Il mettra au point des appareils de
visée aérienne pour avions de chasse, antiaérienne destiné à abattre, entre
autres les dirigeables allemands survolant Paris.
Il adaptera, ancêtre du missile
air-air, des fusées toujours dans le même but.
J’ai connu un monsieur qui, pilote
pendant la grande guerre, me disait que l’on redoutait plus les fusées Le
Prieur que les zeppelins.
Effectivement sur les aéroplanes en
bois et toiles de l’époque, une fusée allumée, refusant de quitter son
support créait un incendie dangereux alors que le parachute n’était pas
encore dans les mœurs.
Toujours dans le domaine aérien, il
va mettre au point un simulateur de vol, où il utilisera une autre de ses
inventions le film de fond transparent.
Figurent à son actif des bombes
couplées pour couler les sous marins d’un avion et bien d’autres inventions
dont la liste non exhaustive serait trop longue à faire paraître ici.
Mais revenons au monde sous marin
qui ne peut qu’attirer ce découvreur de talent.
Associé avec Fernez il va créer un
scaphandre utilisant une bouteille d’air comprimé à 150 K Michelin qui est
destiné au gonflage des pneumatiques que l’on devait réparer souvent à
l’époque. Partant d’un détendeur manuel fixé sur la bouteille, un simple tube
en caoutchouc va relier celle ci au plongeur par un embout buccal. L’excèdent
de l’air consommé en débit continu s’échappe par l’extrémité du dit tube
équipé d’une soupape bec de canard.
En 1935, il va améliorer son appareil
par un masque facial. Mais ce scaphandre se révèle néanmoins rudimentaire
exigeant du plongeur un réglage manuel continu.
Malgré cela, seul sur le marché, le
scaphandre Le Prieur est adopté par la marine en 1935. Il restera à partir de
là sur le même modèle. C’est l’un de ces appareils qui figure maintenant dans
la salle des traditions de l’école de Plongée de St Mandrier.
Il y a été remis par l’un de mes
amis suite à l’anecdote paraissant dans les pages suivantes au titre
« Le scaphandre du Marsouin »
Mais revenons au Commandant LE
PRIEUR. Il a entre temps converti de nombreux adeptes à la découverte du
Monde sous marin. Il va fonder le premier club de plongée :
« Le Club des Scaphandres et
de la Vie sous l’eau »
L’oralité lui prête sa première
dénomination par une appellation combien plus simple et plus représentative
de la vie conviviale qu’il entraînait autour de lui. Il aurait choisi en tout
début « Le Club des Sous l’eau » Ce serai, toujours dans le domaine
de la rumeur que ce titre aurait été changé la veille de la visite d’un
ministre et de différentes personnalités venant admirer une démonstration de
cet appareil, prestigieux pour l’époque.
Il décède en 1963. Son portrait
trônera longtemps dans la grande salle de la FFESSM à Marseille.
Une stèle lui a été élevée sur le
port de Santa Lucia à St Raphaël.
Le Commandant Yves LE
PRIEUR
Croquis du Scaphandre LE
PRIEUR
Scaphandre LE PRIEUR
(Photographie Henri PAOLE)
LE SCAPHANDRE DU MARSOUIN
En Septembre de l’année 1989, mon
ami Louis Philippe PACCOT (Capitaine de réserve dans la Coloniale) remettait,
au cours d’une prise d’armes, lors d’une promotion de Nageurs de Combat, un
scaphandre LE PRIEUR, complet, au musée de l’Ecole de Plongée de la Marine
Nationale à St.Mandrier.
Voilà l’histoire de cet appareil
telle qu’il me l’a contée à cette époque :
« Mobilisé le 9 Juin
1940, (dernier contingent appelé) affecté au 27ème RTS, j’arrive pour
participer à la débâcle, mais je sauve mon fusil.
Je me retrouve à l’Isle sur
Sorgue. .Je fais partie des jeunes appelés du contingent qui forme les
Chantiers de Jeunesse, et le 1er Septembre 1940 je me retrouve Chef d’équipe
au Groupe 2 du Groupement 15 au Gratadis dans l’Estérel avec pour chef de
Groupe Guy des Cars (l’officier sans nom). Nommé assistant le 1er Mars 1941,
sortant d’une école d’agriculture, je suis chargé de créer « La Ferme de
Fréjus » afin de mettre en culture l’immense terrain se trouvant à
l’embouchure de l’Argens, sous le contrôle de la Marine Nationale et des
Chantiers de Jeunesse.
Bien qu’étant Marsouin, mes
rapports avec les Marins étaient excellents.
La base me fournit un
tracteur, l’essence et même une baleinière. Comme je suis mordu de chasse
sous-marine, on me parle du Cdt. LE PRIEUR qui habite St~Raphaël. Avec
beaucoup de timidité, je fais la connaissance de ce Pionnier et j’ai la joie
de faire mes premières plongées devant sa villa Le Prieuré.
Mais c’est surtout à la base
que je peux m’en donner à cœur joie. Un officier le Lieutenant de Vaisseau
Morel entraînait un petit groupe de volontaires à l’utilisation du scaphandre
autonome Le Prieur. La base avait été dotée d’une dizaine de ces appareils,
adoptés par La Marine Nationale en 1935. Le Scaphandre Cousteau Gagnan
arrivera seulement en 1945, lors de la création du GERS par le Cdt Philippe
TAILLIEZ.
J’ai été intégré à ce groupe
et je participais aux exercices. Cependant, mon travail à la ferme me
laissait peu de temps libre. Pour cette raison la base me confia un
scaphandre et un masque de narguilé pour me permettre de m’entraîner plus
facilement.
Comme tu le vois, en 1941,
naissait ce qui deviendrait plus tard les plongeurs démineurs et nageurs de
combat.
A l’époque, une grande
partie de la France était occupée. L’armée, la Marine les formations
paramilitaires tel que les Chantiers de Jeunesse qui subsistaient en zone
libre se serraient les coudes en attendant une revanche possible. C’était
notre point de vue, nous les jeunes de l’époque.
Tout allait pour le mieux à
la Ferme de Fréjus, les récoltes 1941 et 1942 étaient excellentes. Deux de
mes gars furent initiés à la plongée. Je devins même parrain d’une promotion
de seconds maîtres mécaniciens. On envisageait pour 1943 la mise en culture
de nouvelles zones.
Enfin tout allait pour le mieux
lorsque catastrophe ! Le II novembre 1942, voulant s’emparer de la flotte,
suite au débarquement des alliés en Afrique du Nord, au mépris de tous les
accords passés, les Allemands envahissent la zone sud.
La Flotte se saborde et la
base est investie par la Wehrmacht.
Quelques jours plus tard, je
prends contact avec le Lt.de Vaisseau MOREL afin de lui restituer le
scaphandre Le Prieur. Ma proposition lui apparaît tout simplement saugrenue,
et il me dit textuellement : ”Gardez le c’est autant que les boches
n’auront pas !“
Après cela je n’ai
malheureusement plus eu de contact avec la Marine. Les Stukas ont remplacé
les Latécoères 298. En Mars 1943, ,je suis parti au maquis dans le Vercors.
Et là, ce fut une autre histoire. »
Là s’arrête, en 1942, le trajet du
scaphandre LE PRIEUR. La vie militaire de mon ami Louis Philippe PACCOT
continua remplie d’aventures épiques, de blessures reçues au combat et de
nombreuses décorations: Légion d’honneur (DPLV…ce qui veut dire Distingué au
Péril de sa Vie) Ordre National du Mérite, Croix de guerre 39-45, deux
citations, Croix de guerre TOE, 4 citations, Combattant Volontaire, Médaille
Coloniale, Médaille des Blessés, et encore d’autres dont la Médaille
d’Honneur du Mérite Vietnamien de 1ère classe remise par sa Majesté BAO DAI.
Il fut démobilisé le 25/5/47 avec
le grade de Lieutenant après 2 ans, 9 mois et 16 jours de bons et loyaux
services pour la Patrie.
Je le connu donc en 1955 à la
SOGETRAM dont il fut un membre remarquable et par la suite le Directeur de la
région PARIS, la plus importante.
Et le scaphandre LE PRIEUR ? Et
bien il attendait sagement, en excellent état, dans sa caisse,
au fond du grenier de la petite maison de Lorgues où mon ami PACCOT a pris
une retraite, bien méritée. Il y élève des yorkshires et c’est comme cela
qu’il fit la connaissance de Mr.OLLINGUER, Conseiller municipal au Muy et
ancien Nageur de Combat.
Il lui parla de son scaphandre et
lui proposa de le remettre à l’Ecole de Plongée.
Ce qui fut fait au mois de
Septembre l’année dernière au cours de la prise d’armes dont je vous parle
plus haut.
Quel beau parcours pour ce pionnier
de la Plongée et pour ce premier scaphandre autonome qui appartenant à la
Marine revint à celle ci cinquante années plus tard.
Ce digne appareil figure maintenant
dans la salle d’exposition de l’Ecole de plongée de St.Mandrier.
1942. Ci joint une photographie de
l’époque des Chantiers de jeunesse et de notre ami Philippe PACCOT aux
côtés du Capitaine de Frégate BONNOT (dit Bonnot jambe de bois) qui commande
la Base
Gérard Loridon
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