GB_1985

Paroles de Olivier Chantriaux

Voici donc le texte reçu:

« Frédéric DUMAS pour les Sanaryens avait la réputation d’être plutôt solitaire et rustre, et de marcher été comme hiver pieds-nus ou tout au moins en Tongue. c’est faux pour les deux premiers points, je dirais que c’était quelqu’un de discret qui n’aimait pas les effusions. Pour le deuxième point c’était vrai. Il avait d’ailleurs développé une voute plantaire dure épaisse et dure qui ne devait pas craindre les aiguilles de pin qui jonchaient le sol autour de sa maison.

Qu’est ce qui me permet d’affirmer cela? je crois que j’ai été (hormis les membres de sa famille), un des rares à avoir passé du temps avec lui quelques années ou mois avant qu’il ne parte. A l’époque je n »avais pas encore 20 ans et j’étais passionné de plongée, des aventures de l’équipe Cousteau et bien évidemment de Frédéric DUMAS dont je ne ratais aucun reportage diffusés à la télévision. je passais régulièrement devant sa maison de Port-Issol dans l’espoir de l’apercevoir mais sans succès. Ma mère qui le croisait de temps en temps en ville, lui a demandé un jour s’il pouvait me recevoir et à ma grande surprise il a accepté.

J’étais aux anges. J’allais enfin parler à une légende vivante.

Nous nous sommes alors rencontrés à plusieurs reprises et nous avons discuté de longues heures (je l’écoutais de longues heures). Je garde pour moi les détails de ces discussions mais ce que je peux dire c’est son amour pour ce qu’il a fait, sa fierté de l’avoir fait, il me l’a fait partagé tout en m’exhortant de suivre ses pas! « c’est dangereux la mer », « fais attention, sois prudent ». Les paroles d’un grand-père ou d’un père envers son fils auraient été les mêmes.

L’amour et l’affection pour ses enfants et petits-enfants je l’ai aussi ressenti fortement. Son amitié indéfectible avec JYC contrairement à ce que la rumeur faisait courir à l’époque d’une éventuelle discorde. Il m’a fait lire une dédicace d’un livre sur les baleines de son ami JYC, il n’avait pas besoin de me convaincre plus.

Frédéric DUMAS était celui qui testait les matériels, qui participait à leur amélioration et JYC avait la part médiatique afin de faire de l’odyssée Cousteau ce qu’elle est devenue.

Il ne faut pas oublié qu’il a inventé le masque à compensation que BEUCHAT a commercialisé sous son nom ainsi que d’autres matériels de plongée (fusil sous-marin, palmes). Il n’a jamais rien touché de ces inventions. Peu de temps avant son hospitalisation il a réclamé à ma mère de me voir, j’avais peur de le déranger je n’y suis pas allé… Je le regrette aujourd’hui mais c’est trop tard…

Frédéric, tu restes dans mes tendres souvenirs, tu m’as fait découvrir quelques secrets archéologiques, barres de schiste (j’en ai fait cadeau pour ton musée), pierre de meule, anneaux en plomb, choses du passé qui reposent au fond de la méditerranée et que seul l’œil averti remarque, tu m’as enrichi de tes histoires de pionnier, j’ai eu la chance de te rencontrer. »

Amitiés.