GB_1985

« Ça ne vaut pas l’air du bon dieu » par Gérard Loridon,

illustration Dany Loridon

Le DC 55, appareil recycleur à circuit semi-fermé succédant au DC 52, va être une réussite dans le domaine de la plongée militaire.

DC pour le Médecin Dufau-Casanabe qui a créé le prototype DC 52 (52 pour l’année) un appareil de conception nouvelle, mais qui présenta à l’usage quelques problèmes.

C’est donc en 1955, sous le commandement du capitaine de Frégate Chauvin, que le pharmacien chimiste Principal René Perrimond-Trouchet et l’ingénieur Vallance se sont penchés sur les dits problèmes pour finalement mettre au point le DC 55.


Cet appareil débite un mélange suroxygéné et l’expiration du plongeur passe à travers une cartouche de chaux sodée. Son utilisation est toutefois particulière, il faut respirer amplement, lentement pour ventiler le gaz expiré sur la chaux sodée. Donc, il faut rester calme, pas d’efforts violents, une nage efficace mais tranquille.

Dans le courant de l’été, le Pacha, comme il le fait souvent, décide d’aller effectuer quelques plongées d’essais en DC 55 à Porquerolles.

Appareillage sur la VP 771, et mouillage à Porquerolles sur l’épave du Farinier qui gît par 30M de fond, devant les rochers des Mèdes.

Le DC 55 est en passe d’être parfaitement au point. Tous les officiers l’ont essayé les premiers. Les matelots vont l’utiliser ensuite, quand le danger est moindre selon la doctrine du Pacha. Car dit-il, « quand il y a des risques,…les officiers d’abord… »

Évidemment, nous les jeunes plongeurs, on se bagarre pour partir en premier avec le DC 55. L’utilisateur de cet appareil sera accompagné pendant toute sa plongée, par un plongeur en Cousteau, sécurité oblige. Comme, à 20 ans, nous étions en grande forme celui qui avait le DC 55 faisait durer le plaisir.

L’eau est tiède et claire, nous nous promenons d’un bout à l’autre de cette petite épave, où foisonne une faune diverse et importante … langoustes, sars, un beau homard sous la poupe et de nombreux congres, de belle taille.

« Monsieur Dumas » car c’est ainsi que nous appelons ce célèbre pionnier,
va contribuer à son tour aux essais.
En sortant de l’eau, il s’est tourné vers les officiers en disant :

«  …évidemment, tout ça, c’est très bien…Mais ça ne vaut pas l’air du Bon Dieu. »

Gérard Loridon