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Une curieuse découverte à Six-Fours

C’est au Brusc commune de Six-Fours-les plages (Var) que cette curieuse découverte a été faite par Florent Chaillot.

"Voici la photo>

« Voici la photo de l’endroit où l’ensemble a été trouvé. L’avancée de blocs rocheux que vous pouvez voir se situe à l’ouest de la plage des Roches brunes. Entre Cap Nègre et la Coudoulière. Les objets se situaient dans le prolongement direct de cette avancée à une distance d’environ vingt mètres de celle-ci ». Photo Florent Chaillot.

Curieuse découverte du fait de l’état des objets retirés de l’eau. Mais laissons Florent Chaillot poursuivre son récit:

« C’est durant mes vacances à Six Fours que j’ai eu l’occasion de faire cette
découverte, par deux mêtres de fond environ, à hauteur de la plage des
Roches brunes. Aimant nager avec masque et tuba pour observer les fonds
marins et leur faune, je suis arrivé à la verticale de l’amphore, aisément
identifiable, dont seules une anse et une partie du col dépassaient du
sable. Curieux de voir l’objet de plus près, j’ai plongé et tenté de le
tirer du fond, mais sans succès. Laissant là l’amphore, et pensant qu’il
s’agissait d’un petit fragment pris dans le sable, j’ai continué ma petite
expédition sous-marine. Les jours suivants, j’ai fréquenté d’autres plages,
ne pensant plus trop à ma découverte.

Lorsque quatre jours plus tard je suis revenu sur cette plage, je me suis
demandé si l’amphore était toujours là. Je l’ai retrouvée assez rapidement,
et ai de nouveau essayé de la sortir. Après quelques efforts, j’ai été
surpris de voir se dégager un morceau assez conséquent, que j’ai apporté sur
la plage et confié à la « garde » de mon amie. Puis je suis retourné sur le
site et ai dégagé trois autres morceaux. Après l’excitation de cette
découverte, je me suis dit qu’il aurait sans doute été plus sage de laisser
l’objet où il était afin que des investigations par les services
d’archéologie sous-marine puissent être menées de façon adéquat.

Je suis allé prévenir la capitainerie du port de cette découverte; les
personnes s’étant déplacées m’ont répondu qu’il faudrait prévenir le DRASSM.
Peu de temps après, deux personnes se sont intéressé aux fragments remontés, ont discuté avec moi et ont pris des photos. L’une d’elle est allé plonger sur le site, remontant finalement une douzaine de petites pièces
indéterminées en terre cuite, sans rapport apparent avec l’amphore, qu’elle
a laissé sur la plage. Sans autres nouvelles de la capitainerie en fin
d’après-midi, mon amie et moi avons décidé d’emporter l’ensemble des objets et de prévenir directement le DRASSM.

Après des échanges de coups de téléphone avec la DRASSM, les affaires
maritimes et Mr Monjoin (du musée Frédéric-Dumas), je suis allé déclaré l’amphore et les autres pièces aux affaires maritimes, puis ai déposé le tout au musée Frédéric-Dumas, sans avoir oublié de prendre quelques photos souvenir avant de me séparer de ces découvertes. »

Quelques jours plus tard Charly Hourcau (Jason Archéo Sub de Sanary) est venu examiné les morceaux de cette belle amphore. Le plus surprenant dit-il c’est qu’elle n’a pas séjourné dans l’eau plus de quelques heures! D’où provient-elle? Peut-être d’un grenier ou d’un garage à libérer, ou d’un remord? On sait que la rade du Brusc fut très fréquentée dans l’Antiquité et qu’il existe proche de cet endroit un « dépotoir » antique. Mais ceci n’explique pas cela.

Quoiqu’il en soit décision fut prise de la reconstituer et c’est Henri Gandon (Jason Archéo Sub) qui se proposa.

La voici exposée en la tour de Sanary, lieu d’exposition des collections d’archéologie sous-marine. Le DRASSM lui a attribué un N° d’inventaire et Charles Hourcau l’a identifiée.

 

L'amphore est arrivée au musée; elle n'est complète.>

L’amphore est arrivée au musée; elle n’est complète. Les mesures permettent de préciser sa place dans la nomenclature.

 

Bien que d'une teinte un peu différente, le cul d'amphore retrouvé avec les autres morceaux pourrait être celui de cette amphore. Mais Henri Gandon ne pouvait pas le raccorder exactement. >

Bien que d’une teinte un peu différente, le cul d’amphore retrouvé avec les autres morceaux pourrait être celui de cette amphore. Mais Henri Gandon ne pouvait pas le raccorder exactement. Photo Bernard Laire.

 

La voici présentée au public dans une des meurtrières du rez-de-chaussée de la tour de Sanary.>

La voici présentée au public dans l’une des meurtrières du rez-de-chaussée de la tour de Sanary.

 

Il s’agit d’une amphore bétique (province du sud de l’actuelle Espagne) à saumure classée « Pompéi 7 avant 79 ap. J.C. » selon la nomenclature Sciallano-Sibella*. N° INV DRASSM 26 345. Ce type d’amphore circulait de la fin du 1er siècle av. J.C. au 1er siècle après et transportait des saumures.

* Il s’agit de l’ouvrage « Amphores, comment les identifier? » de Martine Sciallano et Patricia Sibella. Ed. Edisud 1991. Ouvrage très complet que l’on peut consulter au musée, fonds Michel-Rua.

 

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Un commentaire pour 4 Une curieuse découverte à Six-Fours

1.    Carrazé François dit :

29 décembre 2014 à 17 h 34 min>

Au vu de la concrétion qui couvre certaines parties extérieures et intérieure de votre amphore, elle est resté couchée pour moitié dans un fond sablonneux pendant pas mal de temps (les deux anses étaient plus ou moins visibles). Il n’est pas rare de trouver une amphore entière à peu de profondeur, cela m’est arrivé plusieurs fois et ceux qui ont plongé à Fos-sur-Mer le savent mieux que moi.
Le contexte de la découverte mérite d’être éclairci : s’il n’y a pas d’autres tessons d’amphore aux alentours, le quignon lui appartient et a été brisé il y a quelques temps (la fracture est usée). Si non, il est interessant d’identifier les autres tessons et de déterminer la raison de leur dépot. Ceci est un autre débat dans lequel seront impliqués, entre autres, le changement du niveau de la mer, le profil de la côte durant l’Antiquité, les pratiques propitiatoires des marin gallo-romains… et la pêche côtière qui a modifié la position de bien des vestiges…
Bon courage !