GB_1985

La bibliothèque de Michel Rua

Comme annoncé il y a quelques jours en rubrique INFOS, les 20 cartons contenant 588 ouvrages consacrés à la mer et à la plongée sous toutes ses formes sont bien arrivés et rangés dans les réserves du musée Frédéric-Dumas. Il s’agit de la donation faite par Michel Rua qui y a joint un ensemble de tables de plongée, de couteaux, manomètres, profondimètres et clin d’oeil  -sans doute- un fanion du CIP Bendor!

Michel Rua vient de terminer le montage de la palette. Impressionnant !

Michel Rua vient de terminer le montage de la palette. Impressionnant !

Etait-il pensable de ne pas ouvrir les cartons et de commencer et des lectures et des rangements -en attente de l’enregistrement dans nos inventaires- non bien sûr!

Nous commençons la présentation de cette bibliothèque par un extrait, charmant et instructif, de l’ouvrage de Roger Rothley « Au monde étrange des poissons » terminé à Hyères-les-Palmiers le 4 février 1945 et publié en 1953 aux éditions BIAS PARIS collection Ma première bibliothèque:

« Et voilà que, depuis quelques années, on parle couramment sur la Côte d’Azur de promenades sous-marines. En effet, pendant les chaudes journées d’été, on peut voir d’étranges silhouettes surmontées d’une espèce de périscope, sillonner les criques rocheuses de notre côte méditerranéenne. De temps en temps le périscope s’enfonce et cet être mystérieux disparaît sous l’eau pour revenir à la surface quelques instants après, en lançant une petite gerbe d’eau à la façon des cétacés : un monstre marin d’un genre nouveau ? Non, tout simplement un fervent d’un nouveau sport qui est né sur la Côte d’Azur, la Chasse Sous-marine.

Que faut-il donc pour devenir un tel homme-amphibie ? Une espèce de grosse lunette étanche, appelée lunette sous-marine ou googles et un tube recourbé (respirator) qui nous permettra de respirer par la bouche, sans soulever la tête hors de l’eau.

…/…

Le chasseur sous-marin (ou googler) moderne a une allure impressionnante ; son visage est caché par la lunette de plongée, ses pieds ressemble à ceux d’un canard, car il revêt des nageoires en caoutchouc, en attendant que les générations futures d’hommes-poissons aient les pieds palmés ! A sa ceinture sont attachés des ustensiles bizarres, ainsi qu’un poignard effilé pour parer à toute éventualité ! Il ne lui reste plus qu’à charger son « fusil sous-marin » ; avec toute la force de ses biceps, il enfonce la flèche en acier, terminée par un harpon acéré, dans le long tube-canon du fusil. Cette arme fonctionne d’après le même principe que les pistolets « Euréka » que vous connaissez tous ; quoique fabriqué par un Russe Niçois on l’appelle le « Fusil américain ». Gare au poisson qui s’approche à moins de 4-5 mètres de cette arme précise et maniable, il est transpercé par la flèche avant même d’avoir eu le temps de réagir. »

FDS M RUA Le Monde Útrange des poissons(1)

Nous avons rencontré pas mal de fois Michel Rua tant à Paris au Salon de la plongée, qu’à Marseille au Festival de l’image et nous nous sommes bien entendus. Cependant ce n’est pas suffisant ; sans doute Michel Rua a pu constater la façon de travailler de la nouvelle équipe qui œuvre au musée depuis l’été 2009. En juillet 2014 il prend contact pour « un éventuel projet qui serait la donation de 95% de ma collection au musée soit environ plus de 500 ouvrages. »

Il poursuit en donnant la répartition en quatre fonds homogènes : ouvrages édités entre 1870 et 1959, ouvrages de 1960 à nos jours, ouvrages en langues étrangères et ouvrages écrits pour la jeunesse.

L’ensemble de ce fonds considérable étant consacré à la mer, à l’homme sous la mer, à la plongée dans tous ses états, à l’archéologie, la médecine, la biologie etc.

Bien entendu Michel Rua souhaitait dans ce message que sa « collection soit pérenne, soit conservée selon les règles et mise à disposition du public. » Quant à la place, nous avons pu lui répondre que les nouveaux locaux mis à notre disposition par la ville de Sanary permettaient un rangement ad hoc pour la consultation et dans de bonnes conditions sanitaires.

Edité par la Librairie Hachette et Cie 1874

Edité par la Librairie Hachette et Cie 1874

Michel Rua est né en 1962 et si c’est un passionné de plongée (sa pratique et son histoire) il n’en est pas moins un homme ordinaire, il travaille pour vivre et a deux enfants. Alors ? Curieux de nature, il s’intéresse depuis toujours à ce qu’il ne connait pas. Il s’acharne et s’agissant de la plongée il a poussé très loin cette connaissance car sa bibliothèque, celle qu’il offre au musée est conséquente. Il pratique la plongée est moniteur de niveau 4 et se consacre à la formation des débutants du niveau 1. Ses élèves bénéficient et de son savoir faire et de son savoir. Heureux débutants ! Combien de jeunes plongeurs (au Galoubet ou à l’UCPA) envoyés au musée par leurs moniteurs les jours de trop fort vent, découvrent avec surprise et une certaine inquiétude le matériel ancien que nous exposons. Il œuvre au club « Les plongeurs herblinois de l’Océanide » de Saint-Herblain, Loire-Atlantique.

Michel nous dit qu’il est également grand amateur de cinéma, de l’histoire de l’aviation, de science-fiction et de polar… et d’armes à feu. Nostalgique du fusil sous-marin à poudre inventé par Le Prieur ?

Editions France-Empire 1956, exemplaire n° 7194.

Editions France-Empire 1956, exemplaire n° 7194.

Sa sagesse : « la quantité de mon savoir me permet de mesurer mon ignorance ». Une vrai modestie celle d’un homme qui sait partager ses connaissances sans ostentation.

Sa passion pour la plongée par les livres lui vint de deux ouvrages : un de la Bibliothèque verte et d’un article sur la Sogetram (travaux sous-marins). Son premier livre, base de sa collection fut « Par dix-huit mètres de fond » trouvé chez un bouquiniste de la rue de Maubeuge à Paris.  C’était un signe !

Aujourd’hui les livres, revues et documents divers sortent des cartons et rejoignent les étagères. Déjà fleurissent des marque-pages de papier indiquant les ressources textes ou photos intéressant directement l’histoire de nos objets et l’histoire de la plongée. L’inventaire informatique sera réalisé en septembre.

La chasse sous-marine en Corse et surla Côte d'Azur Michel Blay J. Peyronnet et Cie Editeurs Paris 1949.

La chasse sous-marine en Corse et sur la Côte d’Azur de Michel Blay. J. Peyronnet et Cie Editeurs Paris 1949. …Et son non moins inséparable masque Squale. Tous ces objets sont présentés au musée Frédéric-Dumas. La reproduction de cette image permettra au public de les remettre dans leur contexte.

 

Ce fonds documentaire extraordinaire tant en volumes qu’en volume d’informations, fait probablement du musée Frédéric-Dumas une des plus importantes bibliothèques de la plongée. Evoquons ici quelques uns des fonds déjà présents : Fonds de la famille de Frédéric-Dumas, Guy de Frondeville, Alfred Coste, Robert Diot, Serge Malcor, Stéphane Barbier, Jules Manganelli, André Védrines, Marc Barré, Georges Samon, Yves Martin, Guy Martin, Roger Weigele, Gérard Loridon, Elie Boissin, Georges et Philippe Sérénon, Dr Godefroid, Albert-Jean Pacetti, Alexis Bosquin, GPES Toulon, Christian Affre, Henri Gandon jusqu’au prototype « Kramadive et sa genèse. Et toutes celles et ceux qui ont offert au musée un livre, des revues, des photos, des publicités etc.

Aux fonds documentaires ci-dessus s’ajoutent une centaine d’ouvrages déjà présents et les collections des revues telles l’Aventure sous-marine depuis le n°1, Subaqua, Le Monde de la mer, Plongée (sous diverses variétés), des revues étrangères, celles de la Comex, de l’Institut Paul-Ricard, de Scaph 50, du CACX, etc.

Cette donation Michel-Rua constitue aussi un défi pour le musée et lui permet de passer à « la vitesse supérieure ». L’examen approfondi des contenus de sa donation prendra du temps mais apportera sans aucun doute matière à études et publications. Elle contribuera à une meilleure connaissance des objets des collections du musée et de l’histoire de la pénétration de l’homme dans le mer. Sans oublier le simple plaisir si nécessaire de lire un polar sous-marin, une aventure sous les tropiques, la condition des nageurs de combats, de parcourir en images les beautés de la mer et des ses habitants, de découvrir les richesses archéologiques.

FDS M RUA The WAR BENEATH THE SEA Major Willy Ch. Brou lONDRES 1958 (1)

A la suite de l’article paru dans Var Matin, Bernard Rotger, conseiller municipal évoquait la possibilité de faire une exposition à partir de cette bibliothèque Michel-Rua. Pourquoi-pas ?

Afin de titiller nos lecteurs, voici –pris au hasard- quelques titres : « Guide pour l’aquarium de la station zoologique de Naples » 1908 ; « Eléments de théorie pour la plongée » Claude Arzillier & Jean-Claude Moreteau CIP Bendor 1978 ; « Chasse sous la mer » Jean Bazal 1946 ; « En plongée par 900 mètres de fond » William Beebe 1935 ; « Les dents du requin » Annie Bois 1976 ; « Pareos et chasse sous-marine » Ely Boissin 1963 ; « Decima Flottiglia Mas » Prince Valerio Borghese 1953 ; « Forceurs de rades » Major Willy Ch. Brou 1960 ; « L’exploration sous-marine » François Clouzot 1969 ; « Vie et mort des baleines » Yves Cohat 1986 ; « L’exploitation des océans » colloque CNEXO 1971 ; « Traité élémentaire de l’air comprimé » Joseph Costa 1888 ; « Les secrets de la Calypso et de l’Alcyone » Equipe Cousteau Hachette Jeunesse 1992 ; « Au monde étrange des poissons » Roger Rothley, Ma Première Bibliothèque 1953 ; « La plongée à grande profondeur… » Sir Robert H. Davis 1935 ; « Les bètes innombrables des mers » Pierre De Latil 1951 ; « La mer à boire pour Nick Jordan » André Fernez, Marabout Junior 1962 ; « Homo-delphinus » Jacques Mayol 1986. Nous avions bien dit : titiller, juste titiller !

Pour finir voici un extrait d’un ouvrage de Philippe Diolé (extrait qui trouvera ensuite sa place dans la rubrique FREDERIC DUMAS), c’est publié en 1953:

« Enfin c’est au G.R.S. et plus particulièrement à Frédéric Dumas que l’on doit l’invention du plus récent et du plus efficace appareil individuel de sauvetage sous-marin : la « bouée-bouteille ». Son fonctionnement réside dans le fait qu’un homme regagnant la surface en partant d’une profondeur de quelques dizaines de mètres expire plus d’air qu’il n’en respire Il suffit donc d’une bouteille assez petite, renfermant 1kg d’air sous pression pour lui permettre de franchir un sas et d’atteindre la surface en ralentissant son ascension. L’avantage de l’appareil est de présenter un faible encombrement qui permet d’en loger dans un sous-marin un nombre suffisant pour tous les membres de l’équipage, ce qui était impossible avec le Cousteau-Gagnan trop lourd et encombrant. »

FDS M RUA Que sais-je(1)

portrait n&b

En septembre, l’assemblée générale de notre association Musée Frédéric-Dumas remerciera avec vigueur Michel Rua.