Georges Sérénon, une vie de passions
A l’occasion des journées
nationales du patrimoine, en septembre 2013, le musée
a présenté une conférence consacrée à
Georges Sérénon puis à Maurice Fargues tous
deux nés en 1913 de même que Frédéric
Dumas dont ils étaient amis dans la plongée. Nous
donnons ici une esquisse de biographie de Georges Sérénon
qui ne demande qu’à être enrichie. Salle
Maurice-Fargues l’exposition « Georges Sérénon
une vie de passions » est toujours visible (janvier
2014).

Georges Sérénon heureux chasseur
sous-marin en apnée. Photo X prise probablement à
Sanary, avant-guerre.
Coll. Philippe Sérénon
Georges Sérénon est né à
Marseille le 10 janvier 1913, la famille résidait quartier
de Bompard. Son grand-père fut capitaine au long-cours,
son père transitaire en douane.
Le berceau de la famille était cependant
Sanary et cela depuis des générations, la maison
familiale construite au milieu du 19éme siècle
existe toujours rue Gabriel-Péri, alors successivement rue
Royale ou rue Nationale. Un ancêtre, Emanuel, aurait
construit une maison au quartier Sainte-Trinide (Sanary) et
nommée La Sérénone.
C’est donc à Sanary qu’il passe
sa jeunesse à la suite du décès de son père
en 1926. Jeunesse qu’il partage entre études et
plongées. Plongées et chasses sous-marines. Il fait
l’acquisition d’une barquette de pêcheur le
« Mérou ».

Cette image nous montre le matériel utilisé
par Georges Sérénon et peut donc être datée.
Photo X prise à Sanary.
Coll. Philippe Sérénon
Est-ce de son service militaire dans les chasseurs
alpins qui lui vint le goût de monter à cheval, il
fut en tous cas un cavalier émérite.

Chasseur alpin. Georges Sérénon y a
fait son service militaire et y a été mobilisé
tout comme son ami Frédéric Dumas.
Coll. Philippe Sérénon

Georges Sérénon. Photo X non datée.
Coll. Philippe Sérénon
Un régatier aussi. Soit sur le dériveur
« Sharpie » soit de plus gros voiliers il
participa à de nombreuses courses avec son ami Sosthène
Pihan de la Forest, connu aussi pour avoir été
longtemps président de la Société nautique..
Auquel du reste il vendit –un peu contraint par les aléas
des affaires- son « Mérou » qui lui
revint comme convenu quelques années plus tard lorsque
Sosthène le revendit. Chacun peut voir « Le
Mérou » lorsqu’il est à quai
devant l’Hôtel de la Tour.

Georges Sérénon à la barre.
Photo X. Coll. Philippe Sérénon
Il plongea dès 1938 avec Dumas, puis avec
Cousteau et tous les pionniers des années 40, il connut
donc Paul Dubois qui créa en 1945 la société
Squale, d’abord destinée à produire et
commercialisé le plus célèbre masque de
plongée, mais aussi tous articles nécessaire à
la chasse sous-marine. Soit qu’il les inventa, soit qu’il
commercialisa les matériels d’autres sociétés.
Le GERS utilisait les masques Squale et les palmes Super-Marine,
le GERS utilisait le détendeur Cousteau-Gagnan de la
Spirotechnique, -filiale d’Air Liquide- et présidée
par Cousteau.. Squale fut bientôt le représentant de
la Spiro en région parisienne.

Carte de visite. Fonds Georges-Sérénon,
don Philippe Sérénon
C’est ainsi que Georges Sérénon,
qui eut aussi des projets de palmes, projets contrariés
par la mauvaise foi d’une entreprise titulaire d’un
autre brevet, nous raconterons un jour cette aventure, trouva
naturellement sa place comme commercial, on disait alors
représentant de commerce, de la société de
Paul Dubois. Mais ainsi que nous le montre sa carte de visite il
était plus indépendant qu’un représentant
et avait donc plus de latitude quant au développement
commercial.
Représentant de la Spiro en 1956, attaché
à la direction commerciale en 1960, il compte, formé
à sa rude école, parmi les dévoués
titulaire de l’ « équipe » de
Pierre Marie.

Photo réalisée pour une publicité
des matériels Spirotechnique, parue dans l’Aventure
sous-marine. On reconnait: Françoise
Lautier, Serge de Sazo, et Georges Sérénon. Coll.
Philippe Sérénon. Une reproduction est visible au
musée avec la page pub de la revue (1959).
et voici cette publicité en 4 de couv. de
L’Aventure Sous-Marine:

L’ Aventure Sous-Marine N°21 juillet 1959.
Doc musée Frédéric-Dumas
C’est à compter du 1er
janvier 1967 (Plongées mars 1967-n°33) que Georges
Sérénon déjà adjoint de Pierre
Marie (directeur de la Spirotechnique, décédé
en décembre 1966) est nommé directeur commercial.

Papier à lettre entête de la direction
éditée pour les « 20 ans de plongée »
1946-1966 c’est à dire les 20 ans de la
Spirotechnique. Fonds Georges-Sérénon du musée,
don Philippe Sérénon
Auparavant en 1960, la Spiro ayant passé un
accord avec l’Etat en vue de la formation des plongeurs et
souhaitant également « surfer » sur
l’effet Cousteau sur le grand public, conçu le
projet de création d’un centre de formation :
en octobre 1960 grâce aux efforts de Georges Sérénon,
de Pierre Marie et de Robert Martignole et à l’aide
inestimable de Paul Ricard, fut inauguré le
CIP-Bendor-Paul-Ricard. L’épopée des centres
internationaux de la plongée s’annonçait,
mais le CIP BENDOR est de l’aveu même de ses actuels
animateurs « La Mecque de la plongée »
et son prophète fut bien Georges Sérénon. Le
responsable en fut Claude Arziller (on lira son historique
avec plaisir et profit sur le site du CIP-BENDOR) et citons une
personnalité celle d’Emile Botero, alias Galvao qui
travaillait chez Dubois du temps ou Sérénon y
était, lequel le recruta dès l’ouverture du
CIP. « Galvao » y restera 40 ans !
La Spiro s’interressait (et c’est
toujours le cas) aux manifestations liées à la
plongée. C’est ainsi que Georges Sérénon
alors directeur du CIP représenta son entreprise au comité
d’organisation du 3ème Festival international du
film maritime et d’exploration qui se déroula à
Toulon et à Bendor du 3 au 6 juillet 1964, présidé
par son fondateur Jacques-Henri Baixe.

INAUGURATION DU CENTRE INTERNATIONAL DE PLONGEE
CIP-BENDOR-PAUL-RICARD. CREATION DE LA SPIROTECHNIQUE. GEORGES
SERENON EN FUT LE CREATEUR ET PREMIER DIRECTEUR. IL EST ICI A LA
GAUCHE DU PREFET. PAUL RICARD QUI A OFFERT LE TERRAIN EST AU
CENTRE
Georges Sérénon, dont bien des
Sanaryens se souviennent de la voix et en restent encore émus,
fut un des hommes qui alliant sa passion et son métier fit
passer la plongée d’un sport discret ou d’une
activité réservée à la marine de
guerre à un âge adulte englobant les loisirs, la
sécurité civile, la protection et le développement
commercial et économique. Il savait de quoi il parlait ce
qui n’est plus toujours le cas dans les entreprises.

1962: arrivée d’un caisson portatif de
recompression Spirotechnique. On reconnait Georges Sérénon
(ici Joseph déduit par le journaliste de son surnom Jojo)
ainsi que le professeur Jacques Chouteau. Aventure Sous-marine
mai 1962. Fonds André Védrines musée
Frédéric-Dumas..

L’histoire du CIP Bendor dessinée par
Dominique Sérafini et écrite par Jean Albert Foëx
pour la Spiro et publiée dans AVSM été 1966.
Fonds André-Védrines musée F-D.
Georges Sérénon s’impliqua dans
la vie de la Fédération Française
d’Etudes et de Sports Sous-marin (FFESSM). Il participa les
17, 18 et 19 février 1961 à Paris au congrès
national et à l’assemblée générale
en tant que représentant le CIP Bendor (Comité Ile
de France) détenant 3 voix pour 51 licenciés.
Une de ses passions de plongeur fut aussi
l’archéologie : sans doute occasionnelle mais
on lui doit la découverte de quelques objets
remarquables : cités par Philippe Diolé en
1953 et en 1952 par Fernand Benoit, directeur des Antiquités,
G. Sérénon et S. Pihan de la Forêt
découvrirent en effet dans le « cimetière
marin » de la baie de Sanary des amphores et morceaux
d’amphores alors peut fréquentes et qu’ils
déposèrent au musée Borelly. Le musée
a pris contact avec les responsables des musées de
Marseille en vue d’un prêt de ces objets.

Georges Sérénon: l’amélioration
du matériel de plongée est une condition des
progrès de la recherche archéologique sous-marine.
Photo X, environ 1959. Coll. Philippe Sérénon
Représentant de la Spirotechnique à la
Fédération des Industriels et Fabricants d’Articles
de Sports la FIFAS (aujourd’hui Fédération
des Fabricants Sports et Loisirs), il en devint le président.
Cette dernière activité professionnelle lui offrit
l’occasion de mettre son énergie et son savoir-faire
au service d’un ensemble de professions pas forcément
solidaires et d’entreprises forcément concurrentes
dans un contexte mondial où les cartes seraient bientôt
rebattues au profit des distributeurs et non plus des fabricants
et encore moins des pionniers.

Georges Sérénon président de la
FIFAS Fédération des industriels et fabriquants
d’articles de sports
en voici l’annonce dans la revue Aventure
Sous-Marine:

L’ Aventure Sous-Marine N° 115 été
1977. Fonds musée.

suite et fin de l’article. L’ Aventure
Sous-Marine N° 115 été 1977. Fonds musée.

Georges Sérénon accueille le ministre
Jean-Pierre Soisson au salon Neige et Montagne. 24 octobre 1980.
Photo Studio Pierre Zélény Courbevoie. Coll.
Philippe Sérénon.

Les mêmes au salon Nautique de Paris 1980.
Photo Studio Pierre Zélény Courbevoie. Coll.
Philippe Sérénon.
Les reproductions présentées au
musée Frédéric-Dumas sont des tirages
réalisés par Bernard Laire à partir des
originaux numérisés.

inauguration du SISEL Salon Interprofessionnel du
Sport et des Loisirs, le 9 septembre 1980.
De gauche à droite: M. Thomasson, Nicole Berthier,
Jean-Pierre Soisson, M. Rosselin et Georges Sérénon.
Photo Studio Pierre Zélény Courbevoie. Coll.
Philippe Sérénon.

L’Aventure Sous-Marine N° 133 Mars-Avril
1981. Doc musée Frédéric-Dumas
Sanaryen, il s’attacha dès sa création,
en 1994, à favoriser le musée Frédéric-Dumas
par sa présence et par les dons de matériels et
documents. Les fonds Georges-Sérénon sont
aujourd’hui devenus les fonds Georges et Philippe Sérénon.
En effet Philippe Sérénon, son fils, a souhaité
compléter les donations de son père en recherchant
et donnant ces deux dernières années de nombreux
objets.
Voici quelques objets ou documents (autres que ceux
présentés dans cet article) des fonds
Georges-et-Philippe-Sérénon. Vous pouvez en voir la
quasi totalité au musée Frédéric-Dumas
dans le cadre d’une exposition consacrée à
Georges Sérénon.

Monobouteille ogivale de la Spiro avec détendeur
Cousteau-Gagnan 1945 (CG45) de la Spiro. Filiale de l’Air
Liquide la Spirotechnique a été fondée en
1946 d’abord pour commercialiser les inventions de Cousteau
(et Gagnan pour les détendeurs). Ensuite elle a fabriqué
et vendu tout équipement utile à la pénétration
de l’homme sous la mer. Matériel (don Georges
Sérénon) présenté salle
Maurice-Fargues, coll. musée Frédéric-Dumas.

Copie fidèle des premières palmes De
Corlieu. Georges Sérénon s’est également
essayé à déposer un brevet en améliorant
les palmes existantes après-guerre. Sans succès,
nous le raconterons bientôt. La plongée est une
jungle! Ces palmes ont été offertes au musée
par Georges Sérénon dès 1994. Coll. musée
Frédéric-Dumas. Visibles au musée, salle
Maurice-Fargues depuis leur retour de l’exposition de
Six-Fours. En effet Louis de Corlieu habitait Le Brusc commune de
Six-Fours.

Porte-clefs souvenir réalisé en 1965
(CG45). « Recherche, développement et progrès »
sont les trois axes de com de US DIVERS – AQUALUNG filiale
aux Etats-Unis de La Spirotechnique. Don Philippe Sérénon.
Visible au musée

Si le nom de Cousteau est pratiquement inconnu des
jeunes générations en France, il reste chez tous
ceux même non plongeur qui firent connaissance de « sous
la mer » par l’épopée de la
Calypso, la référence. De même au E.U. Il
n’est pas rare que les touristes US viennent à
Sanary à la recherche des traces du commandant.
Autocollant « Plongeur Cousteau » édité
par La Spiro. Don Philippe Sérénon.

Avec Pierre Vilarem pdg de La Spirotechnique. Photo
Chenz. Coll. Philippe Sérénon.

Une des combinaisons Spiro offertes par Philippe
Sérénon. De par ses fonctions Georges Sérénon
devait disposer de l’ensemble des productions de la maison.
Et dans son cas les essayer! Fonds Georges et Philippe-Sérénon,
don Philippe Sérénon.
Phot Bernard Laire. Visible au musée.

Photo prise face au port de Sanary, photo quelques
fois reproduite avec gommage ! Coll. Philippe Sérénon.
sources :
Philippe Sérénon et archives Georges
Sérénon, Charles Hourcau, Wikipedia (Gérard
Loridon), l’Aventure sous-marine (divers n°), Océans,
Plongées magazine, divers témoignages de Sanaryens,
etc.
Claude Arziller « Historique du CIP
Bendor »
Philippe Diolé « Promenades
d’archéologie sous-marine » Edition Albin
Michel 1953 (bibliothèque du musée Frédéric-Dumas):
« A Sanary a été trouvée une
amphore de forme moins fréquente, mince et pointue, qui a
été déposée au Musée Borelly,
à Marseille (trouvaille de MM Pihan de la Forêt et
Sérénon) »
[il s’agit sans doute de l’amphore
incomplète du col cité par F Benoît sous le
n. 8353. ]
Fernand Benoît «Fouilles sous-marines en
Ligurie et en Provence » Revue d’études
ligures 1952 (bibliothèque du musée
Frédéric-Dumas): « …dans le
« Cimetière marin « de la baie de
Sanary , au pied du rocher des Magnons, à 8m de profondeur
(G. Sérénon, Musée Borelly n° 8347,
8348, 8353, 9472, 9495) »
Le musée a contacté les musées
de Marseille en vue d’exposer à Sanary ces pièces:
à suivre.
à suivre…
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