Le vêtement à volume constant du Cdt COUSTEAU

(http://lettre-musee-dumas.over-blog.com
par Gérard Loridon)
Une invention du Commandant qui ne doit pas être oubliée….

Ci-dessous il procède lui-même aux essais.
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En Mars 1957, sortant du GERS je me présente à la Sogétram que j’avais quitté en 1954 pour remplir mes devoirs militaires. Après ma réintégration administrative et le bonjour aux copains, je passe au magasin, où un sac de plongée m’est attribué.  Dans ce sac figure en première place, le très célèbre habit, dit à volume constant, car une soupape sur la tête et deux sur les pieds, laissaient partir le surplus d'air contenu par le vêtement qui ne pouvait être plus rempli que la pression de tarage des dites soupapes.

Rappelons cependant qu’il s’agissait bien là d’une invention du Cdt Cousteau, datant de 1952, devant remplacée avantageusement le lourd vêtement du scaphandrier lourd à casque en cuivre.

Fabriqué par la Spirotechnique,
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il est parfaitement adapté aux travaux sous-marins. Cette tenue est étanche, quand on la traite bien, solide, car constituée d’un épais matériau, permettant de porter dessous des sous-vêtements de laine. Elle comporte une cagoule reliée à l’habit qui permet l’usage d’un téléphone filaire.

Cette description pour aussi parfaite qu’elle soit nécessite néanmoins que l’on se replace, dans le contexte de son utilisation à la Sogétram.

Il est tout d’abord recommandé de se voir attribué un « Volume » à sa taille, je vais commencer à avoir des problèmes avec mon mètre soixante dix, et surtout mes soixante huit kilos, quand j’ose réclamer une petite taille. Surprise du magasinier devant cette curieuse prétention :

-         « Une petite taille, ici, ça n’existe pas, le mieux pour toi, c’est une taille moyenne. »

Il faut faire avec. Attention, la taille moyenne, correspondait plus au gabarit d’un Marine américain, qu’à celle d’un jeune plongeur français.

Mets ton habit Scaphandrier…
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Ces tailles gigantesques et le matériau épais d’une raideur évidente étaient le fruit des conseils qu’André Galerne, notre chef d’entreprise distribuait à la Spirotechnique, où il était, là comme ailleurs, religieusement écouté. Du genre :

-         « Mes plongeurs, tous des gaillards, nos travaux…dans la vase, le béton, les ferrailles. Alors prévoir du large et du costaud. »

Bien que surprenante au premier abord, sa fruste théorie, s’est révélée exacte par la suite, quant au résultat dans le domaine de la solidité. Pour le confort, c’était une autre affaire, mais ça ne nous concernait pas. Pour la résistance du matériau, cette dernière était-elle adaptée au milieu agressif des travaux, où plus justement à la manière dont ses plongeurs allaient l’utiliser ? Les avis divergent, et je vais m’arrêter là, ne désirant pas relancer une polémique stérile.

Les premiers essais.
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Reconnaissons le cependant, il avait raison, la suite l’a prouvé. Depuis et aussi actuellement, ce type de matériel est encore en fonction.

Pour en finir avec cet habit, ajoutons qu’après un enfilage par le cou, pas toujours facile, il fallait adapter la cagoule dont la  lunette, issue du masque Squale qui était intégré au vêtement, vous écrasait la figure. L'embout de fer du détendeur, solidaire de la cagoule, sur lequel se visaient les tuyaux du narghilé, s'incrustait profondément dans la chair des gencives. Pour en finir sur le confort relatif la cagoule vous était remise  baveuse, comme une omelette peu cuite, car il n’y avait souvent, qu‘une cagoule pour trois. La glace du masque, lui aussi fixe, était mise en place, après un crachat énergique, sur sa face interne, seul produit naturel, largement distribué, et toujours disponible pour empêcher la formation de la buée.

La célèbre cagoule. avc 5

Malgré ces quelques inconvénients aux quels nous nous sommes vite adapté et,

Trois essais dans la Seine à la péniche, j’étais jugé apte à une utilisation qui allait largement remplir des années de ma vie professionnelle.

Depuis ce matériel à été largement copié par de nombreuses marques, il n’en reste pas moins qu’il faut reconnaître au Commandant Cousteau, dans ce domaine, une large vision de l’avenir.

Et c’est ainsi que le jour du Printemps 1957, je suis parti, pour les essais d’une aile marine à l’Île de Groix, mon premier chantier pour la Sogétram.