GB_1985

Un hommage à Philippe Tailliez le 18 octobre à Toulon.

« L’enthousiasme est la seule vertu »

PORTRAIT DE PHILIPPE TAILLIEZ              TIRAGE PAPIER CEPHISMER

Sous le titre « Les fils de Philippe Tailliez – 10 ans après »  un hommage a été rendu dans l’enceinte de la base navale de Toulon au pionnier de la plongée sous-marine autonome, militaire et civile. Du reste que l’histoire en juge: il découvrit d’abord le canonnier Cousteau, puis le civil plongeur et chasseur Dumas. Après sa carrière professionnelle militaire, il consacra sa vie civile au développement de la plongée comme dirigeant de la FFESSM. Chercheur et praticien, philosophe et poète sa vie fut son oeuvre. C’est la raison pour laquelle ceux qui l’ont approché tout comme ceux qui le comprennent peuvent espèrer prétendre être les « fils » de Tailliez.

AFFICHE REALISEE PAR LA DEFENSE NATIONALE

Le CEPHISMER (Cellule Plongée Humaine et Intervention Sous la Mer) présentait une exposition photographique tirée de ses archives. La qualité des tirages renforce l’émotion que suscite ces clichés historiques. En 2011 le CEPHISMER  avait présenté à Sanary pour la manifestation annuelle du musée Frédéric-Dumas, l’Art Bleu, une vingtaine de clichés du repportage effectué lors de la plongée en caisson de Hannes Keller (4 novembre 1960, -250M).  Voici quelques apperçus de l’expo du 18 octobre saisis par Bernard Laire, photographe du musée.

La manifestation comprenait sept communications ainsi que la projection du court-métrage de Félix Tailliez « Mémoires sans cable »  ( pour voir le film dont on lira un commentaire dans une autre rubrique du site recopier la ligne suivante: )

ẩn những kỷ niệm / Mémoires sans câble / Hidden Memories / In der Tiefe des Speichers

OU encore en utilisant le lien suivant:     

DE G à D: Bernard Tailliez, Félix Tailliez (caché), M Gl I Bernard Broussolle, C V Jacques Fourniol, Paul Gavary INPP (caché), Carole Gragez SHD Toulon, CF Philippe Bisciglia, LV Laurent Heyer CEPHISMER

Bernard Tailliez, fils de Philippe Tailliez présenta un hommage (média disponible auprès de Bernard Tailliez) au Premier maître Maurice Fargues (1913-1947 matricule 3051T28) mort en service à moins 117 mètres  dans la rade de Toulon lors d’une descente prévue pour 120 mètres. Les plongeurs du GERS faisaient des essais… ce qui n’est pas forcément compréhensible pour les jeunes générations de plongeurs et leurs ordinateurs de plongée. Tout était à comprendre, inventer, tester, y compris l’ éventuel accident. Ce fut un hommage émouvant.

AU CENTRE : LOUIS FARGUES ET ROSELYNE FARGUES EMUS DE L’HOMMAGE RENDU A LEUR PERE PAR BERNARD TAILLIEZ

Caroline Gragez, conservateur du patrimoine, Chef du SHD (Service Historique de la Défense à Toulon) présenta l’histoire et les missions de son service.

PRESENTATION DU FONDS PHILIPPE-TAILLIEZ CONSERVE AU SDH TOULON

Philippe Tailliez avait fait donation de l’ensemble de ses archives à la Marine. Son petit-fils Félix a consacré plusieurs mois à l’étude et au classement de ces documents inestimables pour la connaissance technique et humaine de l’histoire de la plongée autonome. Si sa tâche est terminée nous ne pouvons que souhaiter que le SDH lui confie le soin de publier un index de recherche et sans doute quelques « bonnes feuilles ».

Le Capitaine de frégate Philippe Bisciglia(R) fit un exposé de la philosophie de vie du Cdt Tailliez et évoqua ses plongées anniversaires, plongées admirées.

Les premières années du GERS (GRS en 1945), celles du Cdt Tailliez, furent racontées par le Médecin général inspecteur Bernard Broussolle.

Le Capitaine de vaisseau (h) Jacques Fourniol, Commandant du premier Groupe de Plongeurs Démineurs mis en lumière l’évolution des techniques du GERS pour la période 1972-1993.

Connaître l’histoire c’est préparer l’esprit à comprendre le présent à lui donner des références utiles pour le futur. Le Lieutenant de vaisseau Laurent Heyer CEPHIMER parla donc de la plongée et de l’intervention sous la mer aujourd’hui. Le service photographique du CEPHISMER assuré par Madame Catherine Lamotte est un outil de transmission de la mémoire incomparable.

BERNARD TAILLIEZ, FELIX TAILLIEZ, BERNARD BROUSSOLLE

JACQUES FOURNIOL, PAUL GAVARY

PHILIPPE BISCIGLIA, LAURENT HEYER

PENDANT LES INTERVENTIONS ESCALE CASTIGNEAU

Dans la salle un homme pris la parole; il est sans doute le dernier de la seconde génération celle d’après les pionniers, c’est André Védrines:

« Bonjour, André Védrines, ancien président-adjoint de la Fédération française d’études et des sports sous-marins. Et trente ans directeur général de cette fédération. Je voudrai dire simplement quelques mots: on a dit beaucoup de choses, aujourd’hui, sur le Commandant.

ANDRE VEDRINES

« Je voudrais ajouter que pour nous, c’était un saint. Oui! Philippe Tailliez était un saint. Et je crois que le plus grand hommage… -j’ai travaillé quarante ans bénévolement avec lui …je l’ai connu en 1938 et ce n’est cependant qu’à sa retraite que je l’ai vraiment approché lorsque redevenu civil il nous a rejoint à la FFESSM. Ce que je voudrais dire c’est que le plus garnd honneur -je crois- que l’on peut rendre à quelqu’un – ça n’a pas été dit aujourd’hui- c’est que dans notre fédération, que ce soit ma génération (j’ai 84 ans) ou chez les jeunes, je ne connais personne au monde qui ait voulu autant qu’eux être les « fils sprituels » de Philippe Tailliez. Je crois que c’est le plus grand honneur à rendre. Je suis l’un d’eux et moi je l’ai aimé. »

(André Védrines est également membre du conseil d’administration du musée Frédéric-Dumas, qui était bien représenté à cette manifestation -voir rubrique actualité- 2013 sera l’année du centenaire de la naissance de Frédéric Dumas, Maurice Fargues et Georges Sérénon. Le musée prépare plusieurs manifestations, on en parle en décembre)

Pour clore cet article nous vous proposons la lecture d’un article paru dans l’Organe officiel de la FFESSM, N°9 -2° trimestre 1960 (bibliothèque du musée/fonds André-Védrines) et signé Philippe Tailliez à l’occasion de la sortie de « Nouvelles plongées sans cables ».

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Le Commandant TAILLIEZ

présente…..

NOUVELLES PLONGEES SANS CABLE



S’il faut en croire la Maison Arthaud, mes « Nouvelles plongées sans câble » vont paraître en librairie.

Nouvelles plongées…Quoique, fidèle à mon passé, j’y relate encore les débuts de mon aventure sous-marine, ces quinze années de luttes, à partir de 1937, qui marquèrent la naissance du scaphandre autonome, du film sous-marin et du bathyscaphe. Quinze années de plongées par les mers du monde, de travaux, de recherches avec Dumas d’abord, puis Cousteau, avec Piccard père et fils, Houot et Willm et beaucoup d’autres.

Mais les trois plongeurs de 1943 sont aujourd’hui légions. Leur aventure a été reprise, poursuivie avec égale passion, dans tous les pays du monde, par des centaines de milliers d’hommes.

Cette prise de conscience, cette invasion par l’homme de l’espace marin posent marin posent maintenant, sur les plans national et international, de nouveaux et pressants problèmes, suscitent d’immenses espoirs. Pour la plongée, démarche universelle, phénomène social en expansion constante, débute l’ère de l’exploitation : recherche scientifique, où convergent et se conjuguent toutes les disciplines, archéologie, exploration et travail sous de multiples formes, bientôt culture, élevage sous-marin.

Il s’agit de l’organiser.

Pendant ce temps aussi, l’océanographie, la plus jeune science du monde, a progressé à pas de géant. Depuis le début du siècle, marqué par les croisières d’Albert de Monaco, prince de la mer, jusqu’aux récents et gigantesques travaux de l’Année Géophysique dans l’épaisseur des mers leurs instruments de mesure. Le sixième continent, où l’homme ira vivre un jour, peu à peu, livre ses secrets qui touchent de près la formation des continents, l’origine de la matière et de la vie.

Des fleuves sous-marins le parcourent, dont le débit égale celui de plusieurs milliers de Mississipi.

La topographie du fond des mers, d’où jaillissent des montagnes plus hautes qui l’Himalaya, se dessine, jour après jour, sous les menus chocs inlassablement répétés des sondeurs. Dans peu d’années, les cartes bathymétriques des océans auront la précision des relevés d’état-major.

Quand aux bathyscaphes, ailes marchantes de l’océanographie, leur domaine est si totalement obscur, si prodigieusement vaste, si plein de fabuleuses richesses, que l’ère des pionniers n’est pas close pour eux avec le geste, accompli en janvier 1960 par le « Trieste », de descendre à treize mille mètres, au plus profond des mers.

Ils se perfectionnent et se multiplient, se transforment en laboratoires marins, ménagent à leurs équipages, à travers la rigide paroi de leurs cabines, des possibilités de plus en plus grandes d’intervention.

Cela fait, en définitive, un assez gros livre, devant lequel, moi qui l’ai écrit, je me tiens perplexe, comme un étranger sans bienveillance, car j’en connais, mieux que personne, les imperfections et les manques.

Je ne sais pas si j’ai clairement exprimé ce qu’il me pressait de dire… Je ne sais pas si j’y ai joué correctement du pouvoir de notre esprit de se resserrer de l’analyse à la synthèse, et vice versa…

Je ne vois pas très bien, enfin, à quoi et jusqu’où peut nous conduire, nous autres plongeurs, dans les années qui viennent, cette soif de connaissance et d’action, cette conquête, irréversiblement en marche, de l’espace marin.

A qui voudra me lire, je me demande, en tout cas, de me croire quand je lui dis qu’il n’y trouvera pas un mot, pas une ligne qui ne concernent et n’expriment une impression personnellement ressentie, une action, mienne ou d’autrui, fidèlement rapportée.

Philippe Tailliez

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LE CONDORCET