Le mystère de la cocotte ovale

Lors du festival de l’image sous-marine de Toulon, en septembre 2010, le musée était invité à présenter à travers 5 grands stands montés pour la circonstance un aperçu de ses collections. Une personne nous a proposé un don: deux caissons pour camera et une petite bouteille bleue. Il s’agissait de matériel « bricolé » et d’après le donateur bricolé à l’intention du Cdt Tailliez.

Lequel matériel montré à Félix puis à Bernard Tailliez n’éveilla chez eux aucun souvenir.

Nous l’exposâmes lors de l’ Art Bleu  en 2012 et alors une charmante personne, Myriam Deport, dont la mère Madame Vve Boulagnon  s’était émue de voir « son » matériel tout à coup à Sanary pris contact avec le musée. Myriam Deport et le musée échangèrent de nombreux messages électroniques puis durant l’été des documents familiaux permirent d’identifier le matériel.

Voici ces documents:

Myriam Deport témoigne:

Le Docteur Paul Boulagnon docteur stomatologiste (né à Paulhaguet en Haute-Loire le 12 octobre 1920-décédé le 15 février 2007 à Carqueiranne), passionné de plongée, de chasse et d’images sous-marines est un des pionniers du cinéma sous-marin.

« Le film dont je vous ai parlé a été présenté salle du Musée de l’Homme, au Palais de Chaillot, le 26 février 1955, c’est-à-dire à la même période que « Le Monde du Silence » et s’intitule « Sous les eaux vives de l’Atlantique », il a obtenu le 1er prix des cinéastes amateurs des films sous-marins en 1955 >>

Myriam Deport, le 15 juillet 2010, par email.

Elle poursuit : « la « cocotte », que l’on voit dans le film tourné  en 1954, avait été mise au point bien avant cette date. Il y avait eu notamment une précédente tentative de film dans les eaux agitées de l’Océan, en face de Quiberon. La cocotte était équipée d’une camera 16 mm, comme la bouteille d’air comprimé recyclée en caisson étanche. »

Le film a été réalisé sur les côtes de Biscaye,(Espagne) avec ses amis : Guy Thioulouse et Madame, et le docteur Jean Latour, originaire du Puy, exerçant ensuite à Paris, qui est acteur dans le film ainsi que sa fille.

Ils sonorisaient eux-mêmes leurs films.

C’est le Suisse Jacques Grob, installé depuis 1926 entre Le Pradet et Carqueiranne qui fît se rencontrer Philippe Tailliez et Paul Boulagnon. Le Cdt Tailliez évoque ces deux amis dans « Plongée sans câble ». Paul Boulagnon concevait ses caissons   et son ami  Guy Thioulouse(1923-2010) professeur au lycée technique du Puy-en-Velay, les réalisait. Avec lui aussi il tourne un autre documentaire « Dans l’intimité d’un aquarium »,film qui n’est pas un film sous-marin mais qui se passe sous l’eau.

Paul Boulagnon inventait donc, améliorait ensuite les appareils, en l’espèce des caissons étanches pour camera, afin d’obtenir la meilleure qualité d’image possible pour l’époque ; il mit au point des systèmes d’éclairage. Il sonorisait lui-même ses films.

Ses œuvres furent vues par de nombreux publics dont les clubs de cinéastes auxquels il les prêtait amicalement.

 » je n’ai jamais vu des films comme ceux du Dr Paul Boulagnon. Ils sont extraordinaires, au point de vue technique, et il n’existe pas de films sous-marins de l’Atlantique en raison des difficultés »… ingénieur Vacheron,

La résolution de cette énigme a conduit la famille du docteur Paul Boulagnon à faire don au musée Frédéric-Dumas des trois objets qui sont désormais exposés salle Maurice-Fargues.

Le caisson pour camera  « cocotte ovale » a été exposé à la Villa Méditerranée sur le port de Marseille dans le cadre de l’exposition « Sous la mer, un monde », ainsi qu’au Musée Maritime de Barcelone. Succès !

et voici deux photos de Paul Boulagnon aimablement transmises par la famille:

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