La
route du Rhum de Thierry Bouchard
Au début
des années 40, Frédéric Dumas et Jojo
Sérénon partageaient leur
temps entre chasse sous-marine et voile dans la baie de Sanary.
Avant d'aimer la mer dessous, ils l'aimaient dessus - la voile
dominait à l’époque - et l’aventure
maritime fut complémentaire de l’aventure
sous-marine. Plus tard, Jacques-Yves Cousteau inventa la
turbovoile sur l’Alcyon. Il était donc naturel que
Philippe Sérénon, le fils de Jojo et l’un de
nos administrateurs, membre également du conseil de la
Société Nautique, organise à Sanary une
soirée en l’honneur du skipper et entrepreneur
sanaryen Thierry Bouchard à son retour de la Route du Rhum
2018.
Il y avait foule à la salle Marie Mauron pour rencontrer
cet aventurier. En introduction, Philippe Sérénon
nous a rappelé l'histoire de cette course mythique et
comment elle est devenue la reine des courses océaniques
en solitaire depuis la victoire de Tabarly dans l’Ostar en
1964.
Puis Thierry Bouchard nous a embarqués dans son récit:
«
La Route du Rhum, ça commence comme une régate et
ça finit comme une aventure. »
Cette
édition fut particulièrement difficile en raison
d’une météo très défavorable
forçant de nombreux coureurs à abandonner ou
s’arrêter pour laisser passer les tempêtes, au
point que certains repartaient de la métropole quand les
premiers étaient déjà arrivés 3 600
miles plus loin en Guadeloupe!
Depuis la première édition (1978), à
quelques rares exceptions près, la météo
contraint toujours les c oureurs
à naviguer jusqu'aux Açores en essuyant plusieurs
dépressions. Si le climat change, dit-on, la météo
début novembre qui marque vraiment l’entrée
dans l’hiver (il n’y a que 2 saisons en météo)
ne varie pas.
Thierry Bouchard a eu son lot de galères sur son
multi 50, trimaran de 15 m de long et de large. Parti en tête
de sa classe affronter le mauvais temps vers l’ouest, une
violente rafale à 30 ° de l’axe normal du vent
l'a fait virer de bord sans prévenir, arrachant au passage
le rail de sa grand-voile, le forçant à se
détourner vers Lisbonne pour réparer.
Après 2 jours et une course perdue, il retrouva la
motivation pour aller au bout de son projet, avant de raccrocher
définitivement son ciré : des alizés
volages, une électronique fragile (dans un milieu plus
qu’humide…), un safran à réparer en
allant tout seul au bout d’un flotteur réellement au
péril de sa vie, le tout dans un shaker sans couchette
(fauteuil de pont ou pouf à l’arrière pour
tout repos), il n’en fallait pas plus pour qu’il
rentre épuisé malgré des années de
pratique et d’entraînement spécifique. Pour
tenter
une comparaison, imaginez faire le Mont Blanc en hivernale, en
baskets, avec une vague tente de camping.
À la question de savoir s’il avait rencontré
des déchets en mer pendant cette course, sa réponse
fut négative, ce qui n’enlève rien à
la préoccupation générale, notamment en
Méditerranée et près des côtes.
Certes la mer est grande mais elle ne digère pas les
déchets, elle les déplace. Témoin ce bout de
flotteur cassé retrouvé sur une plage anglaise
(photo), qui est celui d’un des plus grands bateaux de la
course, Edmond de Rothschild, contraint d’abandonner
au large de la Bretagne.
Actuellement, dans la Golden Globe Race, course autour du monde
en solitaire sans escale, à l’ancienne avec de
petits bateaux de 10 m, nombre de coureurs ont déjà
été secourus et ont abandonné leur bateau
dans l’océan Indien, le pire du globe. Certains ont
coulé leur bateau pour éviter des dangers à
la navigation, d’autres les laissent dériver avec
leur balise émettrice vers la côte ouest de
l’Australie, comme le skipper irlandais Gregor Mc Guckin
qui a laissé à bord un tonneau d’excellent
whisky pour motiver d’éventuels remorqueurs! Au
risque de croiser un conteneur tombé en mer du haut d'un
porte conteneur géant qui en stocke plus de 20
000.
Les enfants posèrent des questions, offrirent des dessins
et l'assemblée se retrouva autour d’un verre
bienvenu !
texte : Philippe Sérénon,
photos : Bernard Laire

Philippe
Sérénon et Thierry Bouchard
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 Le
petit Alexandre Vermast offre son dessin
 Eric
Di Maggio (Agence Abis, SNS), Serge Pichard (Pdt SNS, avocat),
Patrice Esquoy (adjoint au port)
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